Donner un sens au travail
Aujourd’hui, quel sens donner au travail ?
Cette question elle-même est révélatrice d’une époque, de ses incertitudes, de ses angoisses, de sa marge de liberté et de distance critique aussi.
En effet, pour un citoyen d’Athènes, la question du sens du travail ne pouvait se poser, puisque la condition de l’humanité, de la liberté et de la citoyenneté, était d’échapper à la servitude de la nécessité, réservée aux esclaves.
Sous l’Ancien Régime, le travail reste une servitude, à laquelle il convient de se soustraire : réussir sa vie, c’est réussir à ne plus travailler grâce à la rente ou à la faveur royale pour se livrer aux arts nobles de la cour, de la guerre, ou des arts.
Avec la révolution industrielle, cette situation s’inverse : le travail est ce qui permet à l’homme de transformer sa condition, de faire en sorte que demain soit meilleur qu’hier, qu’il y ait progrès : le sens du travail va de soi. Le travail est une condition de la citoyenneté; le conflit porte sur les manières de le rétribuer, de l’aménager, de le distribuer, d’en faire un instrument de promotion, d’en répartir les fruits.
Peu à peu, le travail se voit investi en quelque sorte d’un surcroît de sens, au risque d’évincer les autres sources de sens.
Depuis mai 1968, la crise du pétrole de 1973, la montée du chômage et l’exclusion, les risques de l’environnement, nous nous interrogeons à nouveau.
La plupart des livres consacrés à l’économie, à la société, tournent autour de cette question, chacun apportant sa contribution, mais sans qu’une vision claire apparaisse encore bien nettement.
La problématique
Une question à la fois centrale et complexe
Quelques évidences tout d’abord : le travail structure toujours, quoi qu’on en dise, la majeure partie de la vie de ceux qui ont un emploi.
Rappelons que, depuis les 35 heures, les cadres travaillent 218 jours par an, soit près de 60% de leur temps, et cela avec des journées parfois lourdes.
Malgré la