Politiques d’investissement et chômage en Tunisie Hamadi Fehri, Professeur, IHEC Carthage Mouez Soussi, Assistant, ESSEC Tunis Introduction Depuis 1986, date d’adoption du programme d’ajustement structurel, la Tunisie a enregistré d’importantes performances macroéconomiques. Le taux de croissance atteint aujourd’hui 5,5%. Cette croissance est aussi de meilleure qualité : l’inflation, avec un taux de 2.5%, est maîtrisée et les déficits budgétaires et extérieurs sont ramenés, respectivement, à 2% et 3% du PIB. Ces performances contrastent cependant avec un taux de chômage de 15.5%, considéré assez élevé par le décideur de politique économique1. Cette ampleur du chômage s’explique de différentes façons. Dans une perspective classique, le chômage serait imputé, en Tunisie, à l’imperfection du marché du travail (existence d’un salaire minimum, conventions collectives sectorielles…). L’approfondissement et l’accélération des réformes, touchant le marché du travail, sont de ce point de vue la principale recommandation de politique économique. Sans négliger l’importance de cette conception, il faut bien admettre que l’ampleur et la persistance du chômage -en dépit des mesures de flexibilité introduites- est, en Tunisie, la résultante de facteurs multiples touchant l’ensemble des marchés. Il y’a, par exemple, de fortes interactions entre le marché du travail et le marché des capitaux, la politique budgétaire, la politique du commerce extérieur. D’une façon générale, tous les instruments de politique économique qui touchent ces variables vont exercer –directement ou indirectement- des incitations positives ou négatives à l’égard de l’emploi. Malgré la complexité du phénomène du chômage et la complémentarité des différentes théories, ce texte adopte un point de vue plutôt keynésien. Nous montrons que le niveau de l’investissement et sa structure ainsi que le cadre institutionnel qui le régit sont des éléments déterminants de la situation du marché du travail en Tunisie. Le