Droits de l'homme
Droits de l'Homme et libertés publiques au Maroc (∗)
Mohammed Amine BENABDALLAH Professeur à l’Université Mohammed V S'il est un domaine qui constitue le point de jonction de l'ensemble de l’activité juridique et qui, au travers des différentes conceptions philosophiques qui se sont tantôt opposées, tantôt complétées, a particulièrement reflété l'image véritable et authentique du visage humain, c'est bien celui des droits et libertés. Parler donc des libertés publiques à l'occasion de la célébration du quarantenaire de la publication des trois principaux textes du 15 novembre 1958 relatifs au droit d'association, aux rassemblements publics et à la presse au Maroc, c'est se résoudre à ne pas s'appesantir uniquement sur ce qui est communément désigné sous le label "code des libertés publiques", et qui, finalement, ne concerne que quelques aspects des libertés, mais à étendre son regard sur tout ce qui touche de près ou de loin l'Homme dans son quotidien avec l'Etat et dans son vécu au milieu de ses concitoyens. Cette résolution est d'autant plus évidente, pour ne pas dire impérative, que, voici quelques années, la plupart des auteurs qui, naguère, ne se penchaient sur l'étude des libertés publiques que dans un sens très limité, s'orientent de plus en plus vers une réflexion nettement plus large où l'éclairage de la notion de droits de l'Homme est devenu constant et d'une utilité dont on ne saurait désormais plus se passer. C'est dire que parler des libertés publiques sans référence aux droits de l'Homme peut paraître fondamentalement insuffisant du simple fait que la fin de siècle que nous vivons se caractérise essentiellement par des progrès que nul ne saurait ignorer, où les deux notions se sont fondues pour former un diptyque dans lequel un élément ne peut plus être viable sans l'appui de l'autre. * * *
Pour évidente et d'actualité qu'elle soit, cette interaction n'est pourtant pas si récente. Bien qu'elle n'ait été mise en relief que dans