Du genotype au phenotypes
(par Pierre-Jean Haution, avec l'aimable participation de Jean-Pierre Hamel)
Introduction
L'interdisciplinarité, c'est-à-dire le travail en commun des enseignants des différentes disciplines (que ce soit au sein d'une même équipe pédagogique, au sein d'un même établissement, d'une même académie, etc.), constamment louée dans les paroles, trouve rarement sa concrétisation dans les faits. Les causes en sont multiples, et l'objectif n'est pas de les analyser ici. Il me semble cependant que s'il ne fallait retenir qu'une cause principale, ce serait la méconnaissance souvent totale que les enseignants d'une discipline donnée ont des autres enseignements qui sont professés à leurs élèves. Cette méconnaissance est problématique à mon sens, car elle se répercute sur les élèves eux-mêmes, en les empêchant de s'approprier de façon plus pertinente les savoirs qui leur sont transmis. L'expérience montre en effet, et cela a été dénoncé à de multiples reprises, que nos élèves réussissent difficilement à tisser des liens non seulement entre les différentes parties d'un même programme, mais plus encore entre les différentes disciplines. De la sorte, ils se retrouvent trop souvent en possession de savoirs atomisés, qu'ils ne parviennent pas à intégrer au sein d'un ensemble cohérent de connaissances. Pour rendre plus concret mon propos, je vais m'appuyer sur une expérience personnelle qui me semble très parlante.
A la suite de mon cours sur "Le vivant", j'ai donné l'année dernière à mes élèves de Terminale S (spécialité SVT précisons-le) le sujet de dissertation suivant : "Peut-on expérimenter sur le vivant ?". Ce sujet est intéressant car il permet de réfléchir à deux niveaux : un niveau épistémologique (il s'agit alors de se demander si l'expérimentation sur un organisme vivant est de même nature que l'expérimentation sur un corps