Du pain
Dans sa critique, Henry Houssaye compare le roman naturaliste aux sculptures anatomiques de Jules Talrich : « On pourrait comparer L'Assommoir à un musée anatomique. Si exactes et si curieuses que soient les figures de cire de M. Talrich, ce n'est point là de l'art. Il en est ainsi de L'Assommoir, qui appartient moins à la littérature qu'à la pathologie »15.
La droite reproche à L’Assommoir son « écœurante malpropreté »16 et la gauche l’accuse de salir le peuple, de ne présenter de l’ouvrier que ses mauvais côtés. Victor Hugo s'indigne « vous n'avez pas le droit de nudité sur la misère et le malheur »17. Dans sa préface, Zola défend son œuvre contre l’une et l’autre : « J’ai voulu peindre la déchéance fatale d’une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs. Au bout de l’ivrognerie et de la fainéantise, il y a le relâchement des liens de la famille, les ordures de la promiscuité, l’oubli progressif des sentiments honnêtes, puis comme dénouement la honte et la mort. C’est de la morale en action, simplement. L’Assommoir est à coup sûr le plus chaste de mes livres2. » S’il fait scandale, le livre connaît également un immense succès. Il vaut à Zola de nombreux soutiens et lui procure enfin une certaine aisance financière. L’Assommoir se révèle un des plus grand succès de librairie de l’époque.