Le poème « De profundis clamavi » représente bien le dualisme métaphysique exploité dans la poésie baudelairienne. En effet, des références au spirituel sont énoncés tout au long de celle-ci à caused’une opposition entre l’au-delà et l’enfer. Conscient de sa condition humaine, Charles Baudelaire supplie un « Toi » inconnu désignant une entité surnaturelle : « J’implore ta pitié, Toi, l’uniqueque j’aime, (1) / Du fond du gouffre ou mon cœur est tombé (2) ». Par ces vers, l’auteur montre qu’il voit sa chute venir vers l’enfer ainsi que son impuissance face à ce qu’il lui arrive. Par lasuite, ce dernier décrit, dans la majeure partie de son poème, sa vision du mal, le paysage qui l’entoure : « C’est un univers morne à l’horizon plombé, (3) / Où nagent dans la nuit l’horreur et leblasphème ; (4) / Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois, (5) / Et les autres six mois la nuit couvre la terre ; (6) / C’est un pays plus nu que la terre polaire ; (7) / - Ni bêtes, ni ruisseaux, niverdure, ni bois ! (8) ». Baudelaire laisse donc entrevoir l’enfer terrestre, mais aussi le spirituel immédiat, c’est-à-dire là où nous allons pour notre jugement dernier : le purgatoire. Ce dualismemétaphysique est présent, puisque se sentant abandonné par Dieu, il implore la pitié d’un être sacré « Du fond du gouffre obscur (2) » associé à l’enfer. Même s’il se trouve dans cet endroit sombreempreint de mal, celui-ci tente de se tourner vers la lumière où il veut y dénicher une certaine rédemption et un certain réconfort. Bref, l’auteur des Fleurs du Mal laisse transparaître, à travers cepoème, l’univers dans lequel il se sent tombé après la mort et le besoin indispensable d’avoir le soutien moral de Dieu.