Délinquance et toxicomanie
DELINQUANCE ET TOXICOMANIE
Marie Danièle Barré, Denis Richard, Jean-Louis Senon
RESUME
La relation entre toxicomanie et délinquance est l’objet de nombreuses controverses depuis des années ainsi que d’une littérature abondante. La causalité, réversible, des deux comportements a abouti à des positions très contrastées sur le plan méthodologique et des résultats des études existantes. L’objectif de ce dossier est d’en dresser un tableau introductif. En France les statistiques proviennent des sources admlnistratives pénales sur le délit d’usage de stupéfiants (ILS) ou sur la prévalence de la toxicomanie chez les détenus. Le taux de consommation de drogues dans la population « judiciarisée » est toujours supérieur aux autres milieux, quelles que soit les pays (sources présentées pour la France, les Etats-Unis, le Canada). la plupart des sources statistiques présentent néanmoins de nombreux biais: la population arrêtée et/ou condamnée n’est pas représentative de la population toxicomane; l’incarcération doit être resituée comme un moment particulier de la carrière du toxicomane; les échantillons étudiés (population en traitement; données auto-reportées aux USA) sont parfois trop spécifiques pour être considérées comme représentatives de la population toxicomane. Une typologie des relations entre toxicomanie et délinquance est dressé par les auteurs: le lien intrinsèque entre les effets psychopharmacologiques des produits et le comportement criminogène ne repose sur aucune étude sérieuse et apparait erroné, par contre ce lien varie suivant le degré de sévérité de l’usage; les liens économiques du fait de l’implication de l’usager dans le trafic (même si on pénalise moins pour revente de drogues que pour les autres délits); les liens sociologiques qui déterminent la délinquance comme partie intégrante du « mode » ou « style » de vie de l’usager toxicomane. en définitive la causalité entre les deux phénomènes demeure incertaine tant les résultats divergent. Selon