Très complexé par son physique et en particulier son grand nez, Cyrano à toujours aimé secrètement Roxane. Lorsqu’il propose à Christian de prendre sa place sous les fenêtres de Roxane il peut enfin laisser libre cours à ses sentiments. Durant toute la scène du balcon les personnages, et en particulier Cyrano, sont submergés par leurs émotions ; plusieurs arguments nous permettent de confirmer ceci. D’une part, la ponctuation très riche en point de suspension trahit le trouble et l’émotion que ressent Cyrano face à Roxane. Au début de la scène il cherche ses mots, hésite, c’est «Si nouveau… mais oui… d’être sincère. » puis au fur et à mesure de la conversation il est peu à peu gagné par ses sentiments et sa passion et se laisse finalement emporter par ceux-ci. A ce moment là, la ponctuation devient plus exclamative « Ce soir, dédaignons-la ! » Les didascalies viennent aussi confirmer que, « l’émotion le gagne de plus en plus » qu’il «est bouleversé et essaye toujours de rattraper ses mots ». Les répliques sont écrites en vers ce qui accentue encore plus le côté pathétique de l’extrait, il le rend aussi plus harmonieux, la lecture est plus fluide, plus agréable. Edmond Rostand nous émeut donc par le biais de cette évocation pathétique. Cyrano est submergé par ses sentiments mais ne peut entièrement les avouer car il sait que Roxane est éprise de Christian et non de lui. Progressivement nous sommes confrontés à une situation d’énonciation complexe, on ne sait si Cyrano parle au nom de Christian ou en son propre nom. SITUATION D’ENONCIATION COMPLEXE : A la faveur de la nuit et grâce à la cape noire qu’il revêt, Cyrano est invisible et peut enfin laisser libre cours à ses sentiments. On peut ainsi dire qu’il y a ici, une usurpation d’identité qui vient rendre la situation d’énonciation encore plus complexe. On peut aussi remarquer qu’il y a un quiproquo dans cette scène puisque Roxane tombe en réalité amoureuse des mots de Cyrano en pensant qu’ils