Dézagréman
Dézagréman, tout ce qui peut contrarier, provoquer ennuis, rompre l'équilibre de la vie et par voie de conséquence changer l'humeur et provoquer les excès de colère ou de violence. En faisant de ce mot le titre de sa pièce Georges Mauvois nous invite à une réflexion sur la société martiniquaise et sur nous-mêmes. Isidore, le personnage principal, dans sa relation avec ses coqs de combat Méchan et Lanmòsibit, sa femme Nonotte, son aide Germany, nous invite à ce regard si créole de dérision sur nous-mêmes. Car la pièce de Georges Mauvois est créole par la langue, par son inspiration, par son rythme, par sa philosophie.
Dérision ? Parlons plutôt d'humour. René Ménil dans Tropiques écrivait « Et sur la montagne de gestes et de paroles futiles qui font cette vie, nous braquons un moment les feux cruels de l'esprit et, en sort, infiniment solitaire et risible, une souris. C'est alors qu'il arrive que convulsivement, pris de vertige, devant l'esprit et l'insulte, nous éclatons de rire. Le rire amer de l'humour. Toute bassesse ressentie est mesurée par l'écart qui sépare ce que nous sommes et que notre esprit conçoit que nous aurions dû être »
La pièce de Georges Mauvois nous donne à voir de manière éclatante l'humour que définit René Ménil. Car qui est Isidore dont nous nous moquons, dont les propos provoquent notre rire, sinon ce que nous sommes nous, Martiniquais et créole ?
Durant la quasi totalité de la pièce, Isidore en tête à tête avec ses coqs exprime sa vision du monde qui l'entoure avec comme principal souci d'éviter tout désagrément qui pourrait modifier quoi que ce soit dans son univers tel qu'il le conçoit. Ainsi nous apprendrons ce qu'il pense des relations entre hommes et femmes, de l'éducation, de ses rapports avec les voisins, de ce qui relève de la bienséance et de la politesse, des relations avec les autorités etc. Georges Mauvois par ce monologue entrecoupé par la présence de sa femme Nonotte et de son aide Germany, donne à voir ce que