ecjs
L’atelier s’est limité à une réflexion sur l’égalité civile et politique, en partant du constat d’une triple singularité française au niveau politique : 1) un droit de suffrage féminin tardif : 1944 2) un décalage d’un siècle entre suffrage universel masculin et féminin. 3) une très faible place des femmes dans la représentation politique depuis la libération : 6% de députées en 1946, 12,3% en 2002. Pour comprendre la difficile conquête de l’égalité en droit, une analyse historique, en particulier de la période révolutionnaire s’avère nécessaire. La période révolutionnaire apparaît comme paradoxale : alors que les femmes sont évincées des droits civiques, on leur reconnaît une personnalité civile.
En effet, malgré une participation active des femmes, dans la rue, par la création de clubs de femmes, par leur présence dans les tribunes des assemblées ou par leur lutte dans la contre-Révolution, les femmes sont exclues des droits politiques : le droit de vote leur est refusé, elles ne peuvent porter les armes, donc devenir des soldats-citoyens, les clubs leurs sont fermés en 1793.
Pourquoi cette application « hémiplégique » des principes proclamés ? Les révolutionnaires s’adossent fermement à la philosophie des Lumières : l’humain est un et indivisible, mais des différences existent ; la différence homme-femme est d’ordre naturel, on ne peut donc pas agir dessus. Abstraitement, en tant qu’être humain, les femmes ont droit à l’égalité, mais concrètement, en tant que femmes, elles doivent être traitées selon les capacités que leur a données la nature. Or, les femmes sont physiquement et intellectuellement ( dans leur aptitude à raisonner) inférieures aux hommes, elles ont par ailleurs une fonction spécifique, la maternité, qui les renvoie à la nature, la famille, la sphère privée. Pour P.Rosanvallon, elles ne sont alors pas considérées comme des individus à part entière.
Marat, août 89 : « tout