Ecrit d'invention, réponde de rousseau à voltaire
Monsieur,
Votre réponse à ma lettre ne m’a été transmise qu’il y a peu de temps, avec un peu de retard je suppose. Candide, je me résolus à le lire, la curiosité me dévorait, imaginer les arguments que vous exposeriez à notre monde pour le convaincre de votre pensée fût un jeu fort plaisant, mais lorsque l’on m’a déposé votre conte philosophique en présent, le lire fût très instructif. Toutes mes doléances seront donc dirigées vers Candide. Vous reprochez à Leibniz d’insulter nos maux en insinuant que « tout est pour le mieux dans le meilleur des monde » comme le dit si bien votre Pangloss, mais vous dramatisez tellement les évènements qu’on ne prend plus en considération que nos malheurs et nos misères, vous obstinez vous tellement à prouver que tout est mal que vous vous y perdez aussi en exagérant sur ce qui est réel ?
Détrompez-vous Monsieur, cet optimiste qui ne convient en rien avec votre pensée et que vous ne cessez de critiquer dans votre œuvre est sensé être représenté par Pangloss, qui paraît, dans votre roman, être le seul personnage à voir la vie plongée dans le bien plutôt que le mal, sa vision optimiste lui permet de tenir face au monde cruel que vous nous présentez comme notre monde réel, ainsi il parvient à se convaincre que ce mal est nécessaire et fait partie de la providence, rien n’a été fait au hasard et tout suit son court en conservant la place qui lui a été édictée à un moment indéterminée par nous autres car nous manquons d’élévation. « Homme, prends patience, me disent Pope et Leibniz. Tes maux sont un effet nécessaire de ta nature, et la constitution de cet univers. Si l’Être éternel n’a pas mieux fait, c’est qu’il ne pouvait mieux faire. » Et vous que me répondez vous maintenant, que la souffrance n’est pas essentielle, qu’elle n’est créée que par l’homme et que je n’existerais que pour souffrir et mourir peu de temps après ? Cela ne vous semble-t-il pas quelque peu excessif ? Il est vrai que vous semblez