Educalilité pour tous
Je fais partie de ces adultes qui concourent à l’éducation et à la formation des enfants, des adolescents, des jeunes adultes et depuis quelques années des adultes, mais je reste indécis quant aux repères, aux bornes, aux cadres de mes fonctions : alors que j’ai naguère contesté la tutelle étroite de mes aînés, me voici à mon tour en position de transmetteur de savoirs, de conseils et de leçons qui forme un ensemble peu convaincant, d’autant que j’espère, explicitement ou en secret, ne pas conditionner à la soumission, donner à tous les meilleurs atouts de réussite personnelle. Car je veux croire que les jeunes rêvent d’un monde autre, plus juste, aux distributions plus équitables, qualitativement fondé sur l’échange, la générosité, le respect. Or ces conduites sont-elles des champs d’apprentissage explicites et valorisés par l’école ? Sont-elles même reconnues par certains des adultes rencontrés au jour le jour tout au long des quinze années moyennes passées par les jeunes dans les milieux scolaires ?
Le désir fondamental qui anime les adultes et les jeunes mis face à face est d’être reconnus comme valables, c'est-à-dire dignes d’intérêt et de respect par autrui. Le droit à l’écoute, le devoir de parole, l’accueil de la différence impliquent un encadrement qui ne résume pas l’action de l’école à un enfermement, ni à une reproduction de conduites conformistes. Affirmer l’éducabilité de tous relève d’une sorte de pari. C’est une tentative optimiste de prouver que le sens d’une vie dépend de soi et non de l’ordre du monde. C’est un pari utopique, porteur d’une idée plus haute que celle de la pérennité de pratiques anciennes, de soutenir qu’il est possible et souhaitable de mettre en œuvre dans les établissements scolaires des apprentissages transversaux autres que strictement instrumentaux ou méthodologiques.
Mes étudiants ne pourront construire leur propre accès au sens que si les adultes référents se situent