Effacement énonciatif
L
’œuvre littéraire Camusienne est une œuvre monumentale qui regorge de « points de vue » servant à étayer toute « la philosophie » du romancier. Mais derrière la voix du narrateur résident d’autres voix fonctionnant comme un arrière plan énonciatif. Ainsi le langage est-il utilisé pour « divulguer » pour faire découvrir ou au contraire pour cacher, nuancer, passer sous silence ? Où ne ce serait ce pas ces deux mêmes tâches qui font le noyau dur de toute énonciation. La contradiction et le controverse entre les personnages camusiens n’est qu’un combat d’idées, qu’un affrontement d’idéologies et de façons de voir le monde et les choses. « Dire » ne signifie pas forcément « déclarer », argumenter mais aussi passer sous silence, s’effacer de son discours pour lui octroyer une visée significative seconde.
L’effacement énonciatif : L’effacement énonciatif comme concept linguistique relève de l’analyse de discours, c’est une stratégie discursive qui consiste à s’effacer consciemment ou inconsciemment de son discours et cela dans un processus argumentatif préalablement calculé. On peut parler dans ce contexte d’un « non dit » ou d’une prise de position minutieusement caché qui traverse toute l’œuvre camusienne et qui sert d’étayage à toute sa philosophie. Toutefois l’effacement énonciatif ne doit pas être considéré comme « un concept fini » à appliquer à une œuvre littéraire, c’est une notion en perpétuelle naissance et qui parcourt tout le discours des énonciateurs en question, ce qui fait sa complexité et sa richesse.
On doit procéder dès lors d’établir une classification de l’effacement énonciatif (effacement conscient / effacement inconscient ; micro effacement / macro effacement) pour voir par la suite le fonctionnement de l’effacement énonciatif comme stratégie discursive.
Les diverses manifestations de l’effacement énonciatif. L’effacement de l’énonciateur face à son discours