Elsa au mirroir, louis aragon
Introduction
Le recueil « La Diane française » regroupe un ensemble de poèmes composés de 1942 à 1944, publiés de façon fragmentaire et souvent clandestine. (Pour la biographie de Louis Aragon, se reporter à l’exposé.) Contexte : Seconde Guerre mondiale ; des poètes exaltent le courage et le martyre des Résistants par un lyrisme de l’unanimité humaine, comme Paul Eluard (ex : « Liberté »). D’autres préfèrent une forme de prophétisme comme Pierre Emmanuel. Aragon revient à la tradition nationale.
Dans ce poème, l’inspiration militante se double d’un lyrisme personnel. Dans le recueil, publié en 1945, il est placé entre « Il n’y a pas d’amour heureux » et « Une entre toutes les femmes ». Ici, l’évocation de l’amour est élégiaque compte tenu des circonstances. Dans ce poème à caractère autobiographique, l’évocation à partir d’un geste banal de la vie quotidienne réunit le thème de la tragédie d’un amour menacé et celui de la tragédie nationale. En 30 vers de facture très originale, Aragon nous offre un poème lyrique, mais aussi un poème militant.
Axe 1 : Une facture très originale
1- Un retour relatif à la tradition classique. Le poème retient l’attention grâce à sa forme cyclique, obsédante et musicale. Les alexandrins sont répartis en 4 quintils et 5 distiques. Aragon, poète actif au sein du mouvement surréaliste, choisit l’efficacité. Il puise aux sources nationales une énergie capable de stimuler le patriotisme. La rime par exemple fait partie de notre tradition, mais Aragon l’adapte librement, en faisant rimer par exemple « mémoire » et « miroir » sans s’attacher aux rimes féminines (en –e caduc habituellement) vers 23-24.
2- Une composition complexe et cyclique. La disposition typographique fait penser à une structure binaire (quintils et distiques) renforcée par l’anaphore « Et ». Mais à l’audition, on sent que tout tourne autour des trois vers essentiels :
« C’était au beau milieu de notre