Emmanuel Kant : Réflexions sur l’éducation
— La discipline empêche l’homme de se laisser détourner de sa destination : l’humanité. Mais la discipline est purement négative car elle se borne à dépouiller l’homme de son animalité ; l’instruction, au contraire, est la partie positive de l’éducation.
— La sauvagerie est l’indépendance au regard des lois. La discipline soumet l’homme aux lois de l’humanité. Cela doit avoir lieu de bonne heure. Ainsi on envoie les enfants à l’école, non pour qu’ils y apprennent quelque chose, mais pour qu’ils s’habituent à rester tranquillement assis et à observer ponctuellement ce qu’on leur ordonne.
— L’homme a naturellement un si grand penchant pour la liberté, que quand on lui en laisse prendre d’abord une longue habitude, il lui sacrifie tout. C’est précisément pour cela qu’il faut de très bonne heure avoir recours à la discipline car autrement il serait très difficile ensuite de modifier l’homme.
— L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Et l’homme n’est éduqué que par des hommes, qui ont également été éduqués.
— Il est possible que l’éducation devienne toujours meilleure. C’est une chose enthousiasmante de penser que la nature humaine sera toujours mieux développée par l’éducation.
— Il ne faut pas regarder l’Idée comme chimérique et la rejeter comme un beau rêve parce que des obstacles en arrêtent la réalisation. Une Idée n’est rien d’autre que la conception d’une perfection qui ne s’est pas encore rencontrée dans l’expérience. Telle est, par exemple, l’Idée d’une république parfaite, gouvernée d’après les règles de la justice. Est-elle pour cela impossible ? Il suffit que notre Idée soit correcte pour qu’ensuite elle ne soit pas du tout impossible, en dépit de tous les obstacles qui s’opposent encore à sa réalisation.
— L’éducation est un art dont la pratique doit être perfectionnée par beaucoup de générations.
— L’éducation est le plus grand et