En attendant godot
‘’Opinion qui va à l’encontre d’une idée communément admise’’. Telle est la définition qui permet de desceller au mieux les mystères de l’œuvre du dramaturge irlandais très controversé, Samuel Beckett. Exemple même du paradoxe, il écrit la pièce, qui occultera contre son gré la plupart de ses autres écrits, en français, délaissant ainsi l’anglais. Basée sur le vide et le non-sens apparent, En attendant Godot révèle pourtant un travail acharné autour des questions universelles de l’humanité. C’est surtout en cela que cette œuvre paradoxale et atypique déconcerte. D’ailleurs, lors des premières représentations en 1953, le public quitte la salle avant la fin de l’action théâtrale ne saisissant pas l’attente interminable de ce fameux Godot. C’est peut-être pour tirer une audience de l’embarras que Beckett déclare que ‘’ce qui se passe, ce sont des mots’’. En d’autres termes, que l’action de cette pièce réside dans les dialogues et dans la parole.
Dès lors, la déclaration de l’un des écrivains phares du mouvement du Théâtre de l’Absurde soulève un certain nombre de questions. Pourquoi cette pièce s’inscrit-elle dans un tel mouvement ? En quoi les mots sont-ils vitaux ? Comment l’amour de Beckett pour les mots se traduit-il ?
‘’Route à la campagne, avec arbre.’’ (p.9). Ainsi commence En attendant Godot. Le décor est volontairement minimaliste. En effet, Beckett le souhaite ainsi. Entendant mettre en avant l’existence elle-même et non pas l’existence dans son ensemble, l’auteur choisit habilement de ne pas situer l’action dans un lieu précis sinon de présenter ou d’indiquer un décor arride mais universel. Chacun sera alors d’autant plus concerné par le message délivré. ‘’Pozzo : Ici ? Sur mes terres ?’’,’’Pozzo : La route est à tout le monde.’’. (p.29). C’est donc un décor commun, habituel et précisément insituable que Beckett décrit. Cette