En quoi la modernité est-elle en crise
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Le domaine d’utilisation originaire de la notion de crise est le langage médical. La crise désigne le moment décisif dans le cours d’une maladie, le point où elle va évoluer dans un sens ou dans l’autre. Tous les dictionnaires, à partir de celui de l’Académie française dans sa première édition de 1694, attestent cette utilisation en français. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle que la catégorie de crise est appliquée à la société, à la politique et à l’économie : elle est considérée comme un trouble, un embarras momentané. Dès lors, quand on parle de crise – personnelle, amoureuse, sociale, économique, politique –, on entend surtout signifier une difficulté ou, si l’on veut, l’irruption d’une différence dans l’histoire. La crise indique un moment qui rompt la linéarité de la continuité temporelle pour laisser entrer un événement qui la change complètement et, en général, cet événement introduit la possibilité de la dégénération, du déclin, de la dégénérescence, de la mort. Le glissement de la médecine à la politique et à l’économie est un élément spécifique de la modernité.
Cet élargissement, qui n’est autre qu’un appauvrissement de la notion de crise car il se focalise sur le négatif que la crise introduit, laissant de côté son aspect paroxystique, est le signe d’une conception de l’histoire caractéristique de la modernité, voire du projet moderne lui-même.
Sans préjuger d’une possible récupération de ce négatif que, par exemple, réalise le mouvement de la dialectique hégélienne, la crise est symptomatique de la