1535, Rabelais reflète sa vision du monde dans un classique de la littérature : Pantagruel. Le genre littéraire et les allégories de langages étant tellement spécifiques et originales, il décide de les perfectionner avec son deuxième roman, « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel ». Car comme l’introduit le prologue, l’oeuvre est une Silène : un roman d’apparence frivole et humoristique qui cache en fait une « substantifique moelle » sous son langage à déchiffrer. C’est par cette substantifique moelle que Rabelais nous donne sa critique des principes religieux, des éducations scolastiques et de la médecine pour nous porter vers un appétit de savoir humaniste et un retour aux sources. Nous commencerons par aborder la désacralisation par le rire présente dans Gargantua, visible par l’opposition des registres, les accumulations de propositions et l’ironie, puis, à l’échelle des personnages nous démontrerons que leur langage et façon de s’exprimer reflète leurs statuts dans l’oeuvre et leurs caractères, pour finir nous étudierons le biais par lequel Rabelais nous invite à développer notre sens critique par les adresses au lecteur pour nous permettre de déchiffrer la « substantifique moelle » présente dans Gargantua.

I. La désacralisation par le rire.

A. L’opposition des registres
Dans le prologue, l’oeuvre est ouverte par « Buveurs illustres et vérolés très précieux ». Ce type d’opposition est utilisé à de très nombreuses reprises dans Gargantua, notamment lors de la naissance de ce dernier, ou le mélange de registre compare la matière fécale à la médecine et montre ainsi le rapport de Rabelais à la science actuelle … Les registres médicaux sont également utilisés lors les scène de tueries et de massacres pour annoncer la raison précise de la mort de façon neutre, sans aucune sensibilité ni humanité. Rabelais montre ainsi que les médecins cachent souvent l’humanité pour rendre plus « statistiques » les guerres et problèmes de