Qu’ils se présentent sous la forme de contes, de romans, de lettres ou de pièces de théâtre, nombreux sont les récits relatant de voyages merveilleux vers de lointaines contrées. Ces récits ont été appréciés de tout temps et nous font encore rêver aujourd’hui. Mais le plaisir qu’éprouve le lecteur à les lire ne tient pas seulement du divertissement qu’ils nous offrent. Nous pouvons ainsi nous demander qu’en quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure. Comment expliquer le paradoxe qui fait que ces récits mettant en place un monde lointain ou même purement imaginaire (comme c’est le cas de l’utopie) permettent au lecteur de se confronter à sa réalité immédiate ? Comment l’auteur joue-t-il de cette stratégie du détour pour nous livrer sa vision de la société ?
Pour répondre à ces questions, on verra que la description idéalisée de ces lieux lointains soulignent les défauts de notre monde. Bien souvent, l’auteur s’en sert également pour présenter une évolution possible de notre société. Enfin, ces récits nous offrent un regard extérieur sur nous-mêmes.

Tout d’abord, ce monde éloigné est un monde merveilleux. Bien loin de nous confronter à la réalité, l’évocation de mondes éloignés nous permet de nous en évader. L’auteur nous présente en effet des paysages exotiques ou merveilleux qui nous font rêver et nous enchantent par leur beauté et leur douceur de vivre. Dans Candide, Voltaire amène ses personnages, Candide et son valet, au pays d’Eldorado. Ici, les richesses sont partout, l’or et les pierreries sont monnaie courante. Dans la ville, les édifices sont immenses, ornés de pierres précieuses. Les deux personnages s’émerveillent devant les nombreuses fontaines de la ville. Eldorado est un monde exceptionnel, et d’une rare beauté. De même, dans Les Aventures de Télémaque, Fénelon décrit le pays de la Bétique comme une contrée superbe. Les paysages sont beaux, le climat est clément, la