En traversant la pensée de lévinas, que peut suggérer un portrait en art ?
Dieu fit l'homme à son image, dit la Bible. Dans ce contexte, le portrait, voire l’autoportrait, est aussi vieux que l'homme lui-même au moins sur le plan symbolique. Le genre du portrait, quelque soit l’art, témoigne d’un intérêt pour l’individu. L’Autre nous attire, nous recherchons sa proximité et ce désir nous expose à nous-mêmes. La révélation de l’autre se fait d'abord dans la vision de son visage qui nous apparaît comme différence absolue. Autrui ne correspond pas à un double de Soi. Ce n’est pas non plus seulement un représentant de la même espèce. Pour Emmanuel Levinas, cette vision n'est pas celle qui nous livre le monde des choses et qui fascine par ses formes anatomiques. Elle est celle qui nous ouvre à la perception de l’autre dans le dénuement et la précarité de son visage. Cette pensée de Levinas, nous allons essayer de la traverser puis de la croiser avec les perspectives esthétiques du portrait en art. La phénoménologie que le philosophe Emmanuel Levinas fait de la rencontre de l’Autre est au cœur de son œuvre. Il se place sur le plan éthique et non ontologique car ce dernier serait impuissant à rendre compte et à comprendre le sens, l’origine et la fondation de la relation à Autrui. Pour Levinas, si nous disons un Autre c’est précisément parce qu’il est un Autre et que sa rencontre est une expérience qui n’appartient pas à l’ordre des objets de la perception. « L’Autre est unique tel qu’il ne peut se donner à la connaissance car il n’y a de science que du général » écrit le philosophe. Il est une individualité singulière et non pas un simple individu. L’Autre est une altérité parmi le genre humain. Son visage est la porte qui nous mène à la relation avec lui, non définie par la subjectivité de son identité. « C’est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire que vous tournez vers autrui comme vers un objet. La