En quoi ce qui est, le poète se dégrade-t-il dans l'histoire
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2022/2023
Sujet : « En décrivant ce qui est, le poète se dégrade et descend au rang de professeur; en racontant le possible, il reste fidèle à sa fonction; il est une âme collective qui interroge, qui pleure, qui espère, et qui devine quelque fois », Baudelaire à propos des Contemplations de Victor Hugo. « Et si l'on a pu dire enfin que le romantisme avait pris en tout le contre-pied du classicisme, la grande raison en est que le classicisme avait fait de l'impersonnalité …afficher plus de contenu…
Comme Orphée, le poète manie la lyre. C'est ce qu'annonce par exemple le deuxième poème du recueil : « Le poète s'en va dans les champs ; il admire, / Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ». Le recueil, malgré quelques accents polémiques, est donc souvent lyrique. Le poète « écoute en lui-même » et nous invite à explorer les troubles du « je ». Les marques de la première personne du singulier sont par conséquent nombreuses, ce qui permet d'inscrire ce recueil dans l'histoire du mouvement romantique.Les émotions se heurtent souvent dans les quatre premiers livres. Certes, le « deuil » amène le poète à exprimer l'ampleur de sa douleur. La souffrance sous toutes ses formes trouve refuge dans ces pages, et le recueil accueille bien des peines …afficher plus de contenu…
Nous constatons, dans le poème, la présence et la menace implicite de la mort dans un moment d'une grande moment. Il s'agit d'une métonymie du tempus fugit : « On entend dans les près le pas lourd du faucheur ». Ce vers fait cohabiter la mort et la vie. Dans le premier hémistiche, le substantif masculin pluriel « près » renvoie à la nature et donc, par extension, à la vie, tandis que, dans le second hémistiche, le « pas lourd du faucheur » est une périphrase pour dire la mort. Ainsi, malgré l'obscurité de la menace permanente de la mort, ce poème fait émerger une sorte d'espoir : la présence d'une lumière malgré tout. Cette lumière est celle du cœur, des sentiments et du souvenir. Ne pas oublier l'être aimé, c'est continuer de lui garder une place