enjeux de conversation
La conversation : *est une activité aussi banale que complexe : banale, parce qu’elle s’exerce à répétition sur une base quotidienne; complexe, parce qu’en plus de faire intervenir toutes les composantes de la langue, elle sollicite simultanément les compétences psychosociales qui permettent aux individus de se comprendre et de s’entendre. Elle est fondatrice des relations sociales que les individus auront à établir au cours de leur vie.
C’est en effet au cours d’activités conversationnelles *qu’on apprend à parler, qu’on transmet ou qu’on acquiert des connaissances et des biens, qu’on harmonise ses rapports avec autrui, qu’on se définit socialement, qu’on reçoit ou qu’on établit un diagnostic. La parole qui se manifeste quand un petit nombre de participants se rassemblent et s’installent dans ce qu’ils perçoivent comme une courte période coupée des tâches matérielles; un moment de loisir ressenti comme une fin en soi. Goffman
« Une vraie conversation est une activité en soi et pour soi qui émerge dans une atmosphère de paix et de quiétude. C’est une activité privée qui rassemble un nombre limité de participants qui sont dans un état d’attention et de confiance. Une vraie conversation implique la réciprocité et une écoute attentive, en plus de sujets sérieux qui sont abordés en profondeur. Il s’agit d’un moment spécial pour l’expression des émotions et de l’intelligence. » Laforest et Vincent 1996
La conversation : n’a pas été reconnue comme un champ noble de la recherche linguistique. C’est probablement pour cette raison – et parce qu’elle fait appel à des compétences multidisciplinaires. Dans les années 1960, l’immense terrain laissé vacant par la linguistique, celui du «talk-in interaction pour reprendre l’expression de « Schegloff 1988 ». On assiste alors à l’émergence de l’ethnographie de la communication (Hymens 1964), de la sociolinguistique interactionnelle (Gumperz