Entrainement au commentaire
FRANÇAIS – LE THÉÂTRE (tragédie du XVII – Phèdre de Racine)
Jean RACINE (1639 - 1699), Phèdre (1677), acte V, scène 6 (vers 1498 à 1570) – le dénouement tragique
Fils de Thésée, roi d’Athènes, Hippolyte est aimé de Phèdre, seconde femme du roi. En l’absence de ce dernier, elle avoue cette passion fatale au jeune homme, mais au retour de Thésée, elle l’accuse d’avoir voulu la séduire. Thésée maudit son fils et appelle sur lui la vengeance de
Neptune, le dieu de la mer. La tirade suivante est le récit, fait par son gouverneur Théramène, de la mort d’Hippolyte.
THÉRAMÈNE
1500
1505
1510
1515
1520
1525
1530
À peine nous sortions des portes de Trézène,
Il était sur son char. Ses gardes affligés
Imitaient son silence, autour de lui rangés ;
Il suivait tout pensif le chemin de Mycènes ;
Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes.
Ses superbes coursiers, qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée.
Un effroyable cri, sorti du fond des flots,
Des airs en ce moment a troublé le repos ;
Et du sein de la terre une voix formidable
Répond en gémissant à ce cri redoutable.
Jusqu'au fond de nos cœurs notre sang s'est glacé ;;
Des coursiers attentifs le crin s'est hérissé.
Cependant sur le dos de la plaine liquide
S'élève à gros bouillons une montagne humide ;
L'onde approche, se brise, et vomit à nos yeux,
Parmi des flots d'écume, un monstre furieux.
Son front large est armé de cornes menaçantes,
Tout son corps est couvert d'écailles jaunissantes,
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en replis tortueux.
Ses longs mugissements font trembler le rivage.
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage,
La terre s'en émeut, l'air en est infecté,
Le flot qui l'apporta recule épouvanté.
Tout fuit, et sans s'armer d'un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun