Entrefilet énéide
«Je préfère vivre dans la honte que mourir dans la fierté»
Olivier Kemeid, L’Énéide, Lansman, p.11
Cette antithèse représente la force du personnage, nous démontrant qu’il n’a pas peur de ses convictions et qu’il a une vision plus large que son peuple. Il ne se laisse pas envahir par le poids de la lâcheté que tente de lui faire porter son acolyte. Dans ce passage de L’Énéide, le personnage principal exprime clairement son désir de quitter son pays afin de trouver une nouvelle terre d’accueil pour son fils dans le but d’avoir une vie meilleure et sans misère, même s’il est lui-même condamné à l'errance. L’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid fait référence aux réfugiés et émigrés de ce monde, qui traversent les océans dans des piètres conditions et qui quittent leur patrie pour des raisons politiques et économiques, mais surtout, pour l’avenir de leurs enfants.
L’interprète d’Énée, Étienne Pilon, est renversant dans la scène où il arrive chez le compatriote, avec son fils dans les bras. Là, où la peur l’envahit quand Hélène aperçoit l’enfant et croit que c’est le sien. Cette comédienne convaincante et polyvalente, Johanne Haberlin, à qui il donne la réplique, s'approprie et fait vivre des caractères aussi différents que complexes à ses personnages. Ils furent tous deux bouleversants et déstabilisants quant à leur manière de jouer et les émotions les habitaient totalement. Côté scénographie, le sable qui recouvrait le sol, les jeux de lumières, les costumes ainsi que la toile translucide à l’arrière-plan furent des éléments minimalistes et d’une beauté exceptionnelle car l’emphase était axée sur la qualité et l’intensité des performances mettant en valeur les