La longue tirade de Céanthis forme un violent réquisitoire, lancé sur un ton indigné. On notera les modalités expressives qui soutiennent cette polémique, exclamations (”Ah ! vraiment nous y voilà avec vos beaux exemples”, “Fi ! que cela est vilain…”) jusqu'à celles qui ferment la tirade, interrogations oratoires qui se multiplient, et impératifs qui interpellent les destinataires, à travers Euphrosine : “Voyons, ne seriez-vous pas bien attrapés ?”, “Estimez-vous à cette heure, faites les superbes, vous aurez bonne grâce ! Allez ! vous devriez rougir de honte.” Le mépris qu'elle exprime est également soutenu par un lexique péjoratif, tel le possessif dans “voilà de nos gens qui…”, et la récurrence du présentatif, “voici” ou “voilà” qui amplifie les reproches. Enfin le rythme des phrases, avec les énumérations en gradation et les anaphores, donne l'impression que rien ne pourra arrêter sa colère. C'est le cas avec la reprise du pronom relatif “qui” dans la deuxième phrase, avec le rythme ternaire dans “n'avoir eu pour seul mérite que de l'or, de l'argent et des dignités” ou la triple interrogation oratoire : “Riche ? non ; noble ? non ; grand seigneur ? point du tout.”
=== Cette tirade s'inscrit dans le registre polémique, car ce discours permet de dénoncer une hiérarchie sociale que l'héroïne présente comme infondée.
Elle brosse, en effet, un portrait sévère des maîtres, que peut résumer l'ironie par antiphrase au centre de la tirade, “Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde” : elle joue entre le sens de l'expression “honnêtes gens”, qui désigne les qualités de l'homme distingué, et l'adjectif “honnête” pris dans son sens propre, qui suggère, par antithèse, qu'ils sont profondément “malhonnêtes”. Elle révèle qu'au-delà d'Euphrosine, se trouve visé l'ensemble des privilégiés qui abusent de leur