espaces et religions
Religion et géographie: les approches spatiales du fait religieux
On pourrait commencer cette séance par une boutade: « Dieu est géographe ». En effet, à la relecture de la Genèse Dieu apparaît est en quelque sorte comme le premier « aménageur » : il produit un espace. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » : geste éminemment géographique consistant à établir une distinction, une différenciation. Après tout, qu’est ce que la géographie, sinon la science de la différenciation des lieux. Il y a géographie, dès lors qu’il y a différence. C’est bien parce que l’espace vécu offre une rugosité et des discontinuités, qu’il y a la géographie. En quittant le champ strictement chrétien, on retrouverait le même type d’opération géographique dans d’autres récits mythiques. Par exemple, la fondation de Rome (Livre I de l’Histoire romaine de Tite-Live).
Ce point de départ avance l’idée que la religion et l’espace sont intrinsèquement liés. En effet, si la religion se caractérise par une orthodoxie, des doctrines, normes, principes…. Elle s’incarne matériellement par un espace qui n’est jamais laissé au hasard : la mise en espace de la religion renseigne déjà sur le contenu de cette dernière. C’est une idée assez classique, bien montrée notamment par des auteurs comme Mircea Eliade dans l’ouvrage Le Sacré et le Profane. Le premier chapitre est intitulé « L’espace sacré ». On peut lire : « pour l’homme religieux cette non homogénéité spatiale se traduit par l’opposition entre l’espace sacré, et tout le reste, l’étendue informe qui l’entoure ».
Ce que je vous propose aujourd’hui n’est pas tant une liste de tous les points de convergence entre la religion et la géographie, mais davantage une présentation générale des différentes manières dont la science géographique s’est appropriée