Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ?
1. À première vue, mon bonheur peut dépendre soi de moi, si je réussis à le construire, soit des circonstances — la chance ou la malchance —, mais certainement pas de la loi. Celle-ci, d'ailleurs, vise à protéger les citoyens, voire à améliorer leurs conditions d‘existence, mais ne prétend pas établir leur félicité, qui est intérieure. Un citoyen bien loti et bien protégé peut tout à fait, pour des raisons personnelles, être malheureux.
Inversement, si la loi prétend faire mon bonheur, elle risque bien de ne provoquer que le malheur. Les Etats totalitaires ont prétendu, comme en Union Soviétique, faire le bonheur du peuple, au prix du sacrifice de couches entières de la population, de la surveillance généralisée et de l'hypocrisie. Le bonheur ne peut être atteint sans une part de liberté par rapport à la loi collective.
2. Mais mon bonheur n'est pas possible sans la loi qui assure un minimum pour tous. Si les autres sont malheureux, ils abîmeront mon bonheur de deux manières : en m'agressant pour me prendre ce que je possède ; en me faisant de la peine : puis-je être pleinement heureux si tout le monde souffre autour de moi ?
3. En outre, la loi n'est pas seulement celle qui régit une communauté humaine. Il existe également les lois de la nature, qui décident en grande partie de ma vie — puisque je suis mortel — et la loi morale, qui subordonne mon bonheur au devoir absolu. La liaison entre loi et bonheur existe donc, mais sous une forme qui n'est pas contraignante : mon bonheur dépend de lois sans être totalement déterminé par elle.
Plan possible
1. La loi qui régit la société est une condition nécessaire mais non suffisante de mon bonheur
2. Les lois de la nature participent à la construction de mon bonheur : je dois notamment m'adapter à elles pour ne pas souffrir
3. La loi morale ne décide pas de mon bonheur mais le rend accessoire au regard de la pureté de mes