Etats Unis Mexique Canada Fronti Res Limites
Du détroit de Béring à l'isthme de Tehuantepec, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, unis depuis 1994 par l'Accord de Libre – Echange Nord-Américain (ALENA), représentent plus de 14% des terres émergées, 7 % de la population mondiale, soit environ 400 millions d'habitants et pèsent pour ¼ du PIB mondial. Ces 3 Etats d'Amérique du Nord sont pourtant marqués par une forte dissymétrie de leurs relations, organisées au profit de « l'hyperpuissance américaine ». Loin d'avoir toujours connu des relations pacifiées, Etats-Unis, Canada et Mexique acceptent aujourd'hui de désinvestir en partie leurs frontières au nom de la recherche du profit économique. Mais qu'entendons-nous exactement par le terme de « frontières » ? Une frontière est une discontinuité, un seuil, une rupture, qui, même si elle peut paraître « naturelle », comme dans le cas du Rio Grande qui délimite les Etats-Unis et le Mexique, est toujours le fruit d'une construction humaine, d'une appropriation, qui ne va généralement pas sans heurts. Lieu de passage, de flou, de transition vers l'altérité, la frontière introduit, comme le souligne Christiane Arbaret-Schulz, de « la distance dans la proximité ». Le terme de « limite » paraît avoir un sens plus tranché, plus fixe, de représentation linéaire, cartographique. La nuance entre « frontière » et « limite » se laisse mieux apprécier si on prend en considération les deux acceptions anglaises : d'un côté, le terme de « bordier » renvoie à l'idée d'une frontière-ligne, d'une limite cartographique, administrative ; de l'autre, la « frontier » désigne une frontière-zone, moins tangible, qui renvoie notamment à la réalité du front pionnier.
Dans ce contexte, la question est de savoir en quoi ces 3 Etats, ayant scellé un accord de libre-échange, oscillent-ils entre estompage des frontières administratives au profit d'une collaboration transfrontalière et affirmation renouvelée des frontières-lignes