Etude de texte
ACTIVITE I : Lisez ce texte à haute voix De lourds nuages menaçants, ouatinés de gris, enserrent une moiteur immobile. La touffeur suspend le temps, les mouvements, la vie. L’orage, espéré à force d’être attendu, n’en finit pas de s’éveiller. Elle quitte les abords du minuscule étang limoneux. La place du village est presque déserte en cette fin d’après midi d’automne. Le château de Talleyrand projette son ombre menaçante, assombrissant davantage l’atmosphère ambiante. Elle longe la Rue Principale. En face de la Mairie, une porte bêtement ouverte, prête à happer le moindre déplacement d’air, laisse s’évader quelques effluves âcres. Attirée, Zée la franchit discrètement. A l’intérieur, l’odeur pressentie est bien là, qui l’excite infailliblement. Relents âcres d’ammoniaque mêlés à l’acidité légèrement aillée de la sueur, dominant des senteurs de camphre, d’eucalyptus, d’éther, de carton, de poussière. Gros Homme Blanc est là, s’agitant, comme à son habitude. De jolies perles translucides se forment sur son nez, son front, grossissant rapidement avant de pleurer péniblement le long des pores de sa peau grasse.Tapie sous le comptoir, Zée observe un bien étrange ballet. Des mollets cachés sous des bas noirs reprisés, des pantalons grossiers, tirent des pieds chaussés de godillots. Les pieds arrivent toujours par la porte et se dirigent tous vers le comptoir. Gros Homme Blanc les rejoint, plaquant un sourire mécanique au milieu des gouttes de sueur, effort pitoyable d’amabilité : « Madame bonjour, vous désirez ? » « Monsieur bonjour, vous désirez ? »
S’ensuit l’échange rituel : Gros Homme prend le papier qu’on lui tend, quitte son poste, fouille dans de très longs tiroirs d’où il extrait des boites qu’il donne en échange. Puis, les