Etude de une vie de boy
Dans la littérature de deux régions francophones, l’Afrique subsaharienne ainsi que le Maghreb, l’enfance est mise en relief comme une allégorie de la nation. Une Vie de boy de Ferdinand Oyono et L’Enfant de sable de Tahar Ben Jelloun montrent dans un contexte camerounais puis marocain dans quelle mesure les transformations chez le protagoniste enfant reflètent le pays colonisé en formation à l’ère des indépendances. Les diverses techniques narratives dans les œuvres choisies seront perçues dans cet essai à travers une étude comparative et à travers un dialogue théorique postcolonial ; ceux-ci métreront en relief les expériences positives ou négatives de l’enfant comme allégoriques de l’avenir positif ou négatif des nations postcoloniales.
Dans Une Vie de boy, Toundi est le porte-parole du peuple opprimé qui cherche à sortir de sa condition mais qui sans cesse se retrouve le jouet de l’Européen qui, lui, a beaucoup de difficultés à reconnaître ce Camerounais comme un égal. L’allégorie de la déception humaine est mise en relief dans Une Vie de boy dans le sens où la politique de l’assimilation française tendait à rabaisser le peuple et à le soumettre à ce nouvel ordre français. En effet, l’histoire est narrée en Guinée et la rédaction de l’œuvre en France en 1956 montre le colonialisme toujours présent des Européens sur les populations locales. De plus, ce livre est écrit un an après les émeutes en 1955 de l’UPC (l’Union des Populations de Cameroun) et au moment de l’insurrection de 1956 après quoi les Français ont réagi en faisant des arrestations arbitraires, suivies par des assassinassions, des enlèvements, et le sabotage de l’infrastructure de l’UPC. Pour l’ancien Cameroun Français, c’était une époque imbibée d’incertitude politique. Ainsi commence le récit de Toundi ; sur le point de mourir celui-ci fait un commentaire éloquent sur ses expériences, sur ses transformations, mais qui aurait pu être le commentaire de la nation soumis à cette situation