Maria
Insistant sur ce côté « roman de la terre » porteur de valeurs que l'histoire a pu lui attribuer bien après sa parution, il a été considéré parfois comme un modèle si parfait du genre que l'on a pu y voir un pastiche inégalé de la littérature « terroiriste » du Québec.
Louis Hémon, de fait, se borne apparemment à donner un récit très simple d'une histoire d'amour presque silencieuse, sur fond de la vie d'une famille du Saguenay–Lac-Saint-Jean (à Péribonka, sur le bord de la rivière Péribonka). L'hiver, les valeurs traditionnelles (terre, famille et religion) et les motifs caractéristiques d'une certaine littérature québécoise traditionnelle ont même pu faire parler de pastiche à son propos. Le fait que le romancier reproduise le français québécois de façon très nuancée et fournisse un inventaire foisonnant de québécismes et d'emplois locaux a pu sembler s'inscrire dans cette perspective. Mais c'est ignorer ce qui fait, au-delà de l'aspect banal, minimaliste, volontairement réduit à l'aspect terrien, de ce texte, sa grandeur et son souffle poétique.
Quand bien même il y aurait là pastiche de la littérature régionaliste québécoise, le pastiche dépasserait si largement ses modèles qu'il aurait pris valeur universelle, et c'est cette ouverture et cette ampleur qui donnent à ce roman ce statut si particulier et, à vrai dire, unique.
Il est très difficile de l'analyser sans tenir compte de ce statut