Etude de victor hugo
Si l'on s'en tient à la première définition de l'autobiographie que donne Philippe Lejeune dans Le Pacte autobiographique,, , Les Contemplations ne sont pas une autobiographie. Selon cette définition provisoire, une autobiographie est en effet un "récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité"[1]. Les Contemplations ne sont pas un récit en prose. Si l'on accorde foi au discours préfaciel, le recueil n'est pas même un récit rétrospectif : "Une destinée est écrite là jour à jour", écrit l'auteur de la préface, et les dates d'écriture qui figurent au bas des poèmes entretiennent la fiction de textes écrits au fil des ans, de 1830 à 1856. Mais le texte n'est pas pour autant un journal poétique : l'ordre chronologique n'est pas strictement respecté - à un poème daté d'"octobre 1842" (I, 1) succède un poème daté de "juin 1831" (I, 2) -, et l'organisation de la matière poétique en deux tomes et six livres retraçant "une destinée" est bien, elle, d'ordre rétrospectif. En réalité, les deux tiers des poèmes des Contemplations ont d'ailleurs été écrits en 1854 et 1855. Reste la question du récit. Pourquoi cette exclusion du vers ? Sans doute n'est-elle pas étrangère à l'idée, née à la fin du XIXe siècle, que la poésie ne peut pas, ou plutôt ne doit pas raconter. Il s'agit bien d'un interdit d'ordre idéologique, et non d'un constat empirique : la poésie a, de fait, raconté pendant des siècles. On peut dès lors déplacer la question, et se demander si l'auteur de la préface des Contemplations considère son livre comme un récit. Il fournit, de ce livre, plusieurs définitions : ce sont "les Mémoires d'une âme ", "la vie d'un homme", "l'histoire de tous"[2]. Ces trois formules renvoient à des genres constitués, tous trois de l'ordre du récit rétrospectif : les mémoires, dont