Etude "Je danse le mia" IAM
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L’étude du rap a surtout donné lieu, jusqu’ici, à des travaux sociologiques ou à des analyses des textes des rappeurs, en raison de leur intérêt linguistique ou de leur inventivité poétique. Les dimensions musicales ont été rarement prises en compte dans l’étude des chansons de rap. La plupart du temps, les interviews des rappeurs ou les commentaires de leurs fans tiennent lieu d’analyse et font référence. Pourtant, la musique fait sens dans le rap. Comme dans toute production artistique lyrique, les dimensions musicales et sonores y jouent un rôle fondamental en remodelant la signification du texte. Inclus dans une structure qui joue sur les répétitions ou les contrastes, soumis à un traitement mélodique et rythmique qui met l’accent sur certains termes ou certaines syllabes, interrompu par des scratchs ou par des citations sonores, le texte est sans cesse reconfiguré par la musique. Celle-ci y impose ses propres paramètres et peut, dans le rap, incarner la signification principale. L’analyse musicale s’impose alors comme tentative de déchiffrement de l’objet, même si elle doit être mise en relation avec l’avis du groupe sur sa production, la manière dont le titre a été diffusé, et les réactions du public, pour être totalement probante. Elle est ainsi particulièrement productive dans l’un des titres les plus célèbres du rap français, « Je danse le mia », du groupe marseillais IAM.
La musique, clef du succès
Ce choix peut surprendre. Cette chanson semble n’être qu’un des purs produits commerciaux des années 1990, sans dimension artistique majeure. Il n’en est rien. « Je danse le mia » figure dans le double album Ombre est lumière d’IAM, paru en novembre 1993, au sein d’une série de titres beaucoup plus dramatiques. Pour provoquer l’attention des médias et assurer la tournée du groupe, le « mia » est choisi par la maison de disques Delabel (filiale d’EMI) et le groupe IAM comme chanson titre d’un maxi CD . Elle est remixée en janvier 1994 avec l’échantillon