Etude de la terminologie "autisme" A. "L'idiot" avant "l'autiste" Ceux que l'on appelle aujourd'hui "autistes" étaient appelés "idiots". L'étymologie grecque idiotès différenciait l'homme dans sa sphère privée de celui dans sa sphère publique. Puis par extension, ce terme s'appliquait à l'homme qui s'isole du reste de la société, l'homme dépourvu de raison. Et sous la plume de Shakespeare dans Macbeth il s'appliquait à un homme dont le langage est dénué de sens. Au XIXème siècle on a d'abord parlé d'idiotisme puis le terme d'idiotie lui a été préféré pour éviter la confusion avec l'emploi qu'en faisait les grammairiens. Le terme d'idiotie, donc, au début était employé quand le développement intellectuel était stoppé, que la cause soit congénitale ou acquise, ou quand des malades mentaux présentaient des états de stupeur, ou pour qualifier les états d'abrutissement causés par des mauvais traitements ainsi que les replis sur soi dans les situations extrêmes. Puis ce terme englobait les enfants différents, à l'intelligence limitée en apparence mais qui paradoxalement présentaient des talents particuliers. Les spécificités pathologiques caractéristiques de l'autisme étaient observées bien avant Kanner et Asperger, notamment par les aliénistes comme Esquirol qui reprendra ce terme d'idiotie pour parler de ces hommes sans raison et isolés. Puis en 1899 Kraepelin, psychiatre allemand élève de Wundt et de Gudden, définira la demencia praecox comme un critère nosologique de l'individu qui témoigne d'une certaine évasion de la réalité. Il éditera un Traité de psychiatrie qui sera une référence européenne pour la classification des maladies mentales. Il distingue la maladie incurable et progressive (la démence précoce) et la maladie périodique et curable (la psychose maniaco-dépressive). De cette distinction naitra une classification des quatre formes distinctives de la catégorie des psychoses, dont la démence précoce, terme emprunté à Morel. En 1906, Sancte De