ETUDES DES SOLEILS DES INDEPENDANCES
Cette persistance de la tradition et le refus de communier avec le réel sont tout entier représentés par le personnage central de Fama. L'auteur dresse le portrait saisissant d'un personnage réactionnaire, englué dans les traditions précoloniales. Sans cesse, ses palabres sont venimeuses, vindicatives envers les « Soleils des Indépendances », « le parti unique » et tous ces « fils d'esclaves » qui voudraient le voir, lui, chef Malinké, fils de Togobala né en terre de Horoudougou, courber l'échine. Mais les attentes de Fama peuvent-elles encore se réaliser au village ? Peut-on vraiment arrêter la marche des indépendances ? Auquel cas, cela marquera t-il forcément le retour des coutumes ? Rien n'est moins sûr.
Une des forces du roman réside également dans la narration des maux sociétaux qui gangrènent la république de la Côte des Ebènes. Les habitants y sont laissés pour compte par un gouvernement trop occupé à pourchasser les comploteurs. Entre une capitale ségréguée dont une partie est plongée dans l'obscurité et l'abandon pendant que l'autre prospère et se modernise- la région du Plateau peuplée par les élites abidjanaises – et des zones rurales délaissées où les autorités s'arrogent tous les droits, les injustices sont frappantes. On reconnaît là une critique incisive du régime autoritaire d'Houphouët-Boigny