Explication de texte a une passante, baudelaire
À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... Puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
À une passante est un poème appartenant aux « Tableaux Parisiens », section dans Les Fleurs du Mal. Cette section regroupent des poèmes dont le thème principal est les observations et les rencontres faites dans les rues de Paris. Ici, À une passante est le récit d’une rencontre dans la rue entre le poète et une passante, rencontre qui ne durera qu’un bref instant.
Le poème en lui-même possède selon moi en deux parties : une première partie (vers 1 à 8) qui est consacrée à l’apparition de la femme, et une deuxième partie (vers 1 à 14) concernant la méditation du narrateur, son analyse par rapport aux effets de cette brève rencontre, qui est faites sous forme de dialogue adressé à la passante, opposé à la description de la première partie. Le premier vers est une description du cadre dans lequel se situe le narrateur. Cette description place le narrateur au centre du poème (« autour de moi ») et décrit la rue comme étant un lieu bruyant, agressif (« assourdissante », « hurlait »). Le vers comporte une allitération en « r » (La rue assourdissante autour de moi hurlait) ainsi qu’une assonance en « ou » et en « u ». Le son « r » imite la dureté des sons de la rue, alors que son « u » fait plutôt penser à des sons aigus et le son « ou » à des sons graves,