Cet extrait de « L’évolution des idées en physique » a été écrit par Albert Einstein et Leopold Infeld en 1963. Il s’agit pour Einstein de se mêler au mouvement d’évolution en s’opposant aux croyances de son temps tout en exposant sa conception de la science et plus particulièrement de la physique. Le thème majeur abordé par Einstein dans ce texte est la compréhension du monde et la volonté de lui conférer un sens. Pour cela, il va montrer que les « concepts physiques » naissent bien de l’observation sensible du monde extérieur mais qu'ils s’enracinent aussi, pour une grande partie, de la faculté de l’esprit humain à créer ces concepts. On voit donc se poser le problème du double regard de l’homme sur la physique pour tenter de la comprendre : un regard occasionné par les yeux du corps (ou encore regard sensible), et un regard émanant de l’esprit qui crée librement. L’expérience semble jouer un rôle prédominant dans la connaissance du mécanisme du monde. Or, auquel faut-il conférer la capacité d’éclairer l’autre ? En d’autres termes, lequel de l’expérience, c’est-à-dire des « impressions sensibles », ou de la pensée, énoncée dans « l’esprit humain », est à l’origine de la connaissance de la « vérité objective » ? L’expérience peut-elle faire l’économie de la pensée et « l’esprit humain » peut-il se passer des « impressions sensibles » ou bien sont-ils tous deux nécessaires à la possible compréhension du mécanisme du monde ? Est ce que l'imagination est-elle un obstacle a la recherche de la vérité ? Nous allons y répondre tout d'abord en montrant les limites du monde extérieur et de nos sens dans notre compréhension du monde, puis Les rapports entre l’image crée et la réalité et enfin la mise en rapport de la connaissance et la représentation scientifique : la connaissance comme condition d’explication des « impressions sensibles ».

Tout d'abord, la thèse que propose Einstein se trouve dans les deux premières lignes : « Les concepts physiques sont des