Exploitation obscène de la malnutrition par les chercheurs et mosanto
Point de vue
Pour l’agronome Michel Ferry, le fameux « riz doré » constitue l’exemple modèle d’une justification simpliste et militante de la transgénèse invoquée comme l’arme idéale et indispensable pour lutter contre la malnutrition.
La croyance exprimée par certains scientifiques en une solution technique radicale et évidente pour lutter contre la faim dans le monde conduit à de sérieuses méprises. En prenant le riz doré comme exemple, je veux insister sur une idée d'une grande banalité, mais qui, en définitive, est souvent oubliée tant dans l'analyse que dans l'action : il n'existe pas de solution miracle d'ordre purement technique en matière de développement ou de lutte pour la sécurité alimentaire. Ces questions sont beaucoup plus complexes, leur analyse requiert une approche globale et multidisciplinaire et leurs solutions relèvent de manière déterminante des domaines politique, socio-économique et culturel. À titre d’exemple, un fait illustre bien cette complexité : selon Barbara Underwood (1), dans un grand nombre de régions où les enfants souffrent d'une forte carence en vitamine A (CVA), les disponibilités en bcarotène sont abondantes.
La formidable effervescence qui a suivi l'annonce de la fabrication du riz doré, et surtout l'implication personnelle forte et médiatique de l’un de ses inventeurs, Ingo Potrykus, constituent, je crois, un exemple caricatural de ce phénomène qui a fait de la lutte contre la faim dans le monde l’argument majeur de certains biotechnologistes et de la propagande des multinationales du secteur.
Ces biotechnologistes développent sur le dramatique et scandaleux problème de la faim dans le monde une approche extrêmement sectorielle et réductionniste en ne l'abordant qu'au travers du filtre de leur spécialité et, en conséquence, ont la fâcheuse tendance à voir dans la transgénèse la solution idéale, unique ou prioritaire à tous les problèmes. Consciemment ou inconsciemment, je crains que cet aveuglement