Exposé education
Les premières décisions de politique linguistique éducative prises pour assurer la diffusion du français sur l’ensemble du territoire remontent à la Révolution française. Les idéologues révolutionnaires, comme l’abbé Grégoire ou Bertrand Barère, dressent le constat d’un pays morcelé linguistiquement, dont la cohésion implique l’universalisation de la langue française par le biais de l’école. Les langues régionales sont alors perçues comme des obstacles à l’édification de la nation.
C’est ainsi que le 27 janvier 1794, Barère fait voter un décret prévoyant la nomination d’un instituteur de langue française dans chaque commune des départements non francophones. Cette fonction était ainsi nommée car l’instituteur avait pour mission d’« instituer », c’est-à-dire de fonder la nation. Cette entreprise fut toutefois vouée à l’échec, notamment en raison des difficultés qu’il y eut à recruter un personnel francophone compétent.
Les régimes qui se succédèrent ensuite, de la Monarchie de Juillet au Second Empire, ne renoncèrent pas à la volonté de répandre l’usage de la langue nationale par le biais de l’école. Pendant les deux premiers tiers du 19e siècle, on ne perçoit pas de réelle cohérence à ce niveau. L’école de la Troisième République a-t-elle alors provoqué un désenchantement des langues régionales ?
Afin de répondre à cette question, nous allons nous attacher à comprendre la politique de francisation de la Troisième République au détriment des langues régionales (I). Nous verrons tout d’abord comment la mise en place des lois Ferry démocratise l’usage du français à l’école (A), le désenchantement des langues régionales se faisant au nom de l’unité nationale (B). Puis, nous allons voir comment persiste l’enseignement des langues régionales par l’institutionnalisation de maitres locaux (II). Le recrutement des maîtres se fait désormais à l’échelon local (A), et l’enseignement pluridisciplinaire s’ouvre à la culture régionale (B).
I. La