extrait de l'alchimiste
Ils cheminèrent en silence deux journées encore. L’alchimiste se montrait beaucoup plus circonspect, car ils approchaient de la zone de combats les plus violents. Et le jeune homme s’efforçait d’écouter son cœur : C’était un cœur difficile à entendre. Auparavant, il était toujours prêt au départ, et maintenant il voulait arriver à tout prix. Certaines fois, son cœur restait longtemps à raconter des histoires pleines de nostalgie, d’autres fois il s’émouvait du lever du soleil dans le désert, et faisait pleurer le jeune homme en cachette. Il battait plus vite quand il lui parlait du trésor, et ralentissait lorsque les yeux du garçon se perdaient dans l’horizon infini du désert. Mais il ne se taisait jamais, même si le jeune homme n’échangeait pas un seul mot avec l’Alchimiste.
« Pourquoi devons-nous écouter notre cœur ? demanda-t-il ce soir-là quand ils firent halte.
__ Parce que, là où sera ton cœur, là sera ton trésor.
__ Mon cœur est agité, dit le jeune homme. Il fait des rêves, il se trouble, et il est amoureux d’une fille du désert. Il me demande des choses, me laisse des nuits et des nuits sans dormir quand je pense à elle.
__ C’est bien. Ton cœur est vivant. Continue à écouter ce qu’il a à te dire. »
Au cours des trois journées suivantes, ils croisèrent plusieurs guerriers et en aperçurent d’autres à l’horizon. Le cœur du jeune homme commença à parler de peur. Il lui contait des histoires qu’il avait entendues de l’Ame du Monde, des histoires d’hommes partis à la recherche de leurs trésors et qui ne les avaient jamais trouvés. Parfois, il l’effrayait de la pensée qu’il pourrait bien ne jamais parvenir jusqu’au trésor, ou qu’il pourrait trouver la mort dans le désert. Ou bien encore, il lui disait qu’il était maintenant satisfait, qu’il avait déjà rencontré un amour et gagné de nombreuses pièces d’or.
« Mon cœur est traître, dit le jeune homme à l’Alchimiste, quand ils s’arrêtèrent pour