Extrait du Charmide de Platon
Ce dialogue porte sur la sagesse, mais le mot grec est sophrosune et non sophia, donc sagesse ici veut en faire dire quelque chose comme prudence ou tempérance. Ce n’est donc pas la sagesse théorique, mais la sagesse pratique. C’est un sens plus proche de celui de vos parents lorsqu’ils vous disaient : « Sois sage avec la babysitter. »
S=Socrate, Cr=Critias et Ch=Charmide
[…]
Critias, à ces mots, s’écria : Ce mal de tête, Socrate, serait une bonne fortune pour ce jeune homme, si, pour guérir sa tête, il se trouvait dans la nécessité de soigner son âme. Toutefois, je te l’assure, Charmide qui déjà semble se distinguer entre ses compagnons par la beauté, n’est pas moins favorisé du côté pour lequel tu prétends avoir un charme. Car c’est la sagesse dont tu veux parler, n’est-ce pas ?
S : Précisément.
Cr : Eh bien ! Sache qu’il passe sans nul doute pour le plus sage des jeunes gens d’aujourd’hui, et que pour tout le reste il ne le cède à aucun autre, dans la mesure de son âge.
S : En effet, repris-je, il est juste, Charmide, que tu te distingues sous tous ces rapports ; car il n’en est pas, je crois, parmi nous, un second qui puisse compter deux maisons d’Athènes dont l’alliance promette un meilleur et plus noble rejeton que celles dont tu es issu. Du côté de ton père, nous voyons la famille de Critias, fils de Dropide, constamment célébrée par Anacréon, par Solon et beaucoup d’autres poètes, pour la beauté, la vertu, et tous les avantages dont se compose le bonheur. J’en dis autant du côté de ta mère. Jamais sur le continent on ne vit d’Athénien plus beau, d’un air plus noble que ton oncle Pyrilampe, chaque fois qu’il sortit de son pays pour aller remplir une mission auprès du grand roi, ou auprès de tout autre prince du continent ; et cette famille ne le cède en rien à l’autre : il est donc juste qu’issu de si bon lieu, tu sois le premier en toutes choses. D’abord ce qu’on peut voir de ta figure, ô cher enfant de Glaucon, n’est pas