Fabienne bock - un parlementarisme de guerre
Avant de s'intéresser à la période de la Première Guerre Mondiale à proprement parler, Fabienne Bock effectue une mise au point sur les débats qui agitent le Parlement, des années 1880 aux années 1910, afin de trancher la place de ses membres en cas de conflit. En dépit d'innombrables propositions de lois, rapports, prises de position des membres des Chambres, le problème reste insoluble et peut se poser ainsi : quel être social est le parlementaire ? Un élu du peuple qui ne doit pas cesser de gérer les affaires nationales ou un citoyen qui, en tant que tel, doit prêter secours à la patrie en temps de guerre de la manière la plus efficace, en prenant les armes ? Entre risquer d'être discrédités aux yeux du peuple comme politiciens imposant une guerre de laquelle ils s'exemptent et sacrifier une partie de l'aspect démocratique du régime, en privant le Parlement de certains de ses membres et donc le peuple de ses représentants, les parlementaires ne choisissent pas. Les divergences de vue sont nombreuses, d'autant que ces débats ont lieu en temps de paix, mais en prévision d'une éventuelle guerre. On comprend ainsi la frilosité des députés socialistes – et pacifistes – à s'engager dans des conjectures totalement étrangères et contraires à leurs idéaux. Mais qu'il ait été souhaité ou non, le reflux du pouvoir du Parlement est effectif au début de la guerre, puisqu'à partir de l'été 1914 et jusqu'au début de l'année 1915, les Chambres ne siègent plus et laissent carte blanche au pouvoir exécutif, du moins en apparence. Ce que Fabienne Bock montre – et c'est en ce sens qu'elle combat un lieu commun selon lequel la Première Guerre Mondiale aurait vu l'effacement du régime parlementaire au profit d'un exécutif autonome et toutpuissant – c'est que, certes, les députés et les sénateurs n'effectuent plus leur travail législatif par le biais de séances régulières, mais que le pouvoir des