Faut-il chercher le sens d'une oeuvre dramatique dans son dénouement ?
Qu’il soit tragique ou heureux, c‘est par son dénouement que s’achève une œuvre dramatique. Aussi, celui-ci maintient souvent l’intérêt du spectateur jusqu’à la chute du rideau. Est-il alors le lieu crucial pour l’herméneutique de la pièce ? Le dénouement révèle-t-il le sens d’une œuvre dramatique ? On reviendra dans un premier temps sur le statut même du dénouement, puis on envisagera comment le schéma dramatique qui mène l’intrigue jusqu’à sa résolution finale fait du dénouement le lieu propice à la délivrance d’une morale de l’histoire. Mais on verra ensuite que certains dénouements problématiques nécessitent de chercher ailleurs le sens de l’œuvre.
La nature même du dénouement peut donner son sens à une œuvre dramatique. Boileau l’évoque dans L’Art Poétique Chant III en définissant le dénouement comme un « secret » qui devient « tout à coup la vérité connue » et « change tout, donne à tout une face imprévue ». Ainsi la logique du dénouement contredit parfois celle de l’intrigue ou au contraire permet de la retrouver avec l’intervention d’un « Deus ex machina » . Aussi, dans certaines réécritures, le dénouement modifie également le sens de l’œuvre.
Le sens et la logique du dénouement s’opposent parfois à la logique de l’intrigue d’une œuvre dramatique. En effet, on ne saurait prévoir certains renversements de situations qui apparaissent en contraste avec toute l’intrigue dramatique et qui en changent ainsi la signification. On observera par exemple que dans Le Tartuffe de Molière tout laisse à croire que le faux dévot, l’imposteur va réussir à escroquer la famille d’Orgon qui ne s’aperçoit en rien de la supercherie. Pourtant, c’est au dernier moment que l’exempt, représentation du roi, va se présenter pour rétablir miraculeusement la situation en punissant le coupable et en faisant triompher l’autorité royale. De la même façon, on retrouve un dénouement allant à l’encontre