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Séance préliminaire : l’horizon d’attente dessiné par le titre
Avant d’aborder l’œuvre, il convient de s’attarder sur le titre et de le comparer éventuellement à d’autres titres de récits autobiographiques.
Le livre de ma mère : quel mot signale un récit à la première personne ? Peut-on d’emblée savoir s’il s’agit d’une authentique autobiographie ou d’un roman autobiographique ? Quel en sera le personnage principal ? Est-ce le cas dans une autobiographie classique ?
Pourquoi cette insistance sur le mot livre (le récit aurait pu s’appeler « la vie de ma mère » ou « ma mère », etc.) ? Quel est le sens du « de » (le livre a pour sujet et objet la mère, est un cadeau offert à la mère, lui appartient : il la fait revivre, etc.) ?
Le livre de ma mèrepeut donc être une sorte de « roman de la mère », une évocation poétique et idéalisée qui ne vise pas à retracer l’ensemble de la vie de la mère, mais à transmettre son éternelle image, à la mettre en scène, à la faire revivre à jamais.
On peut comparer le titre à celui des Confessionsde Saint Augustin ou de Rousseau, qui insiste sur la relation au divin, ou sur la notion de faute, de culpabilité, en tous cas de sincérité, alors qu’ici l’authenticité n’est pas mise en avant ; au contraire le mot de « livre » souligne l’élaboration littéraire. Pourtant, l’œuvre de Cohen ne néglige pas des aveux d’ingratitude ou de « faute » envers la mère et repose sur la culpabilité (culpabilité consciente de ne pas lui avoir assez montré son amour et surtout de lui avoir préféré d’autres femmes, de l’avoir négligée pour les bras de ses amantes ; culpabilité inconsciente de l’avoir laissée seule pendant la guerre).
D’autres comparaisons sont possibles, notamment avec Georges Sand : Histoire de ma vie, Jules Renard : Poil de carotte, Simone de Beauvoir : Mémoires d’une jeune fille rangée, Nathalie Sarraute : Enfance, etc. Tous ces titres insistent sur l’enfance, l’adolescence, l’histoire de la vie de