femme et homme
La manière légitime d’être homme ou femme varie en réalité suivant deux cordonnées : l’ailleurs, c'est-à-dire les diverses cultures, et l’hier, c'est-à-dire l’avant, le passé, l’histoire.
On observe concernant la société française une variation de la définition du rôle de mère d’un siècle à l’autre. C’est ce qu’effectue
Elisabeth Badinter dans « l’amour en plus ». L’historienne revient sur la diffusion et la généralisation en France de l’amour maternel et elle montre étonnamment que ce sentiment d’instinct maternel automatique est une création récente surtout sous la forme actuelle et dans sa généralisation devenue ordinaire. En effet, il faut attendre le début du 20e siècle pour que disparaissent les conditions objectives qui auparavant freinaient l’apparition de l’amour maternel. Et cela vaut, montre-t-elle, pour toutes les classes de la société même si les raisons de la non prolifération de l’amour maternel peuvent être différentes d’une classe à l’autre. Dans l’aristocratie et la haute bourgeoisie, la fonction sociale des femmes était en effet de représenter la maison familiale, une tâche de représentation donc essentiellement consacrée au salon, à l’opéra. Dans ce cadre la séduction était une arme essentielle et peu compatible avec la grossesse qui, à l’inverse, mettait un peu hors jeu pendant quelques mois les femmes de la « bonne société ». Les enfants, d’ailleurs, n’étaient pas ni aimés ni même connus au sens d’aujourd’hui.
Si tôt nés, ils étaient immédiatement éloignés des parents et en premier lieu placés à la campagne auprès de nourrices, entre autres parce que l’air des villes était extrêmement peu propice à la survie des nourrissons.
Après cette phase durant laquelle ensuite les enfants ne voyaient jamais leurs parents et réciproquement, les filles étaient placées au couvent et les garçons généralement soit en internat, soit confiés à des précepteurs jusqu’à ce que, pour les premières viennent