Ferral et valérie dans la condition humaine
Une des forces de Malraux, dans la Condition humaine, est d’avoir su faire un roman historique et politique en conservant à ses personnages leur vérité humaine. Le titre est d’ailleurs significatif de ce choix. La Condition humaine traite donc aussi des problèmes humains, comme l’amour et la mort. Mieux, Malraux ne s’est pas contenté de faire vivre ses personnages ; il a réussi, comme nous allons le voir, à imbriquer le domaine de l’intimité et celui de l’Histoire politique. Comment les deux domaines sont-ils liés dans l’œuvre ?
Peut-être trouverons-nous une réponse à cette question en étudiant le thème de la séparation dans l’œuvre. Quoi de plus profond chez l’être humain que l’angoisse d’être séparé s’autrui ? Mais nous verrons que la séparation n’est pas sans cause ni sans répercussions politique. Ce n’est en effet pas un hasard si la séparation est un thème majeur du roman.
La séparation la plus radicale est la mort, parce qu’elle ne permet pas aux êtres de se revoir. Celle sur laquelle nous allons nous attarder pour l’instant, est celle entre l’homme et la femme au sein du couple.
La séparation HOMME-FEMME La condition humaine est un roman politique au sens le plus traditionnel du terme, un roman dans lequel il est question de politique. Malraux fait également intervenir la politique dans la vie du couple. L’homme et la femme n’auront donc pas le même type de relations dans un couple de révolutionnaires et dans un couple de colons ; dans les deux cas la séparation sera le résultat de conflits très différents, comme cela est illustré par les deux couples symétriques du roman. Les rapports entre Ferral et Valérie sont de l’ordre de l’oppression de la femme par l’homme. Dans l’un des épisodes du roman, cette oppression va même jusqu’au viol moral : c’est pour voir Valérie dans le secret de sa jouissance que Ferral ouvre l’interrupteur de la lampe du chevet, contre la volonté de Valérie. Si Ferral est