Fiche de lecture - le monde des villes
A/Les racines du génocide
1/Les origines de la division ethnique
Au début du XXe siècle, les colonisateurs belges croient percevoir une supériorité génétique des Tutsi sur des bases raciales et morphologiques. Selon eux, les Tutsi se distingueraient par leur intelligence et la finesse de leurs traits contrairement aux Hutu, qu'ils considèrent comme inférieurs. Les Belges qui héritèrent de cette colonie après la Première Guerre mondiale décident de se reposer sur les Tutsi pour leur administration coloniale, même dans le nord-ouest du Rwanda où régnait une monarchie dominée par des agriculteurs hutu, plus ou moins soumise à la dynastie royale d'éleveurs tutsi du reste du Rwanda.
Les Tutsi auront donc seuls accès aux études et à la gouvernance tandis que les Hutu et la petite composante des artisans Twa sont cantonnés aux activités subalternes habituelles d'une population africaine.
En 1931, une carte d'identité ethnique est mise en place par l'administration belge, indiquant le groupe auquel appartient le citoyen : tutsi, hutu ou twa.
La carte d'identité ethnique et la prétendue origine extérieure des Tutsi joueront un rôle essentiel à partir de 1959 pour discriminer les Tutsi et justifier leur élimination du pays.
Les articles de la série génocide au Rwanda permettent de mieux cerner l'autorité initiale de la monarchie tutsi qui régnait sur le pays au moment de l'arrivée des colonisateurs allemands, puis la façon dont leurs successeurs belges ont figé la structure de la société rwandaise en l'organisant sur des rapports hiérarchiques raciaux évoqués ci-dessus. Au moment de l'indépendance, un renversement d'alliance s'opère contre les Tutsi entre les colonisateurs et les Hutu. Ce contexte explique l'animosité entre Hutu et Tutsi, mais l'existence du terme « ethnie » pour qualifier les deux composantes est dénoncée par certains ethnologues comme une construction historique. L'exil d'une partie des Tutsi vers les pays