Les mémoires

Les mémoires officielles : le temps des refoulements et de l'amnésie (1945-1969)
- Au lendemain de la guerre, la priorité est à la reconstruction de l'unité nationale : gaullistes et communistes s'accordent pour occulter tout ce qui peut nuire au moral des Français. La défaite de 1940 a été effacée par l'action courageuse des Forces françaises libres (FFL) et des Forces françaises de l'intérieur (FFI). Le régime de Vichy, responsable d'avoir collaboré avec l'ennemi et envoyé des milliers de Juifs en déportation, doit être gommé de la mémoire collective, une fois les principaux collaborateurs punis. Tous les Français ont soutenu la Résistance, à l'exception d'une poignée de traitres. Le cinéma glorifie les héros avec des films comme la Bataille du rail, l'Armée des ombres ou bien il banalise ces années noires avec la Grande Vadrouille ou la Traversée de Paris. Certes, à partir de 1947, la guerre froide brise le consensus entre les gaullistes et les communistes et le retour de la droite au pouvoir favorise une certaine indulgence à l'égard de Pétain : il aurait joué un double jeu pour protéger les Français pendant que la « France libre », de De Gaulle soutenait l'effort de guerre allié. Après 1958, la mémoire gaulliste s'impose à nouveau, avec, en décembre 1964, le transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin, emblème de la Résistance.

- En ce qui concerne le génocide des Juifs, il n'y a aucune volonté d'oubli, mais on parle à l'époque de « camps de concentration » et non de « camps d'extermination », on met l'accent sur les mauvais traitements subis par les déportés résistants. Les Juifs déportés ne bénéficient d'aucune mention particulière, on ne les considère par encore comme un groupe spécifique voué par les nazis à l'extermination. En 1945, l'opinion n'est pas prête à comprendre la barbarie du génocide, inimaginable dans la conscience collective de l'époque.

Les nouveaux enjeux de la mémoire depuis 1969
- Le bousculement de l'opinion