fiction et émotions
Alex Neil est un philosophe contemporain. Il travaille en effet depuis une quinzaine d'années à l'université anglaise de Southampton. Son domaine de prédilection est l'esthétique. Son article fictions et émotions se situe dans la continuité de l'intérêt porté par les philosophes, dès l'Antiquité par Platon, au sujet de la problématique suivante : les émotions provoquées par les fictions peuvent-elles être « justifiées » ? D'après Neil, deux sortes d'émotions le sont. Nous allons à présent analyser son raisonnement lui permettant d'accréditer cette opinion.
Partie I
Pour commencer, cet auteur nous présente deux avis philosophiques sur le sujet. Colin Radford parle d'émotions inconsistantes et irrationnelles ressenties face à la fiction. Le Dr Johnson, quant à lui, nous exprime le manque de crédibilité d'une telle émotion. Il est vrai que la théorie cognitive va dans ce sens : les croyances et les jugements sont au cœur des émotions. Pour en ressentir une, il faut porter crédit à l'histoire qui la provoque.
Mais la fiction entraîne-t-elle réellement des émotions justifiées ? Différents philosophes ne semblent pas d'accord : Ryle affirme que de telles émotions sont feintes. Budd rejoint cet avis en nous expliquant que les spectateurs d'une fiction sont conscients qu'elle n'est pas réelle. Comment décrire alors ces émotions ? Une première stratégie serait de dire qu'il s'agit d'humeurs. A la différence des fictions, ces dernières sont imaginaires et simulées (le temps d'un film par exemple). Elles ne sont donc pas liées aux croyances. Une seconde explication tente de montrer que ces émotions sont ressenties, pendant la lecture d'une fiction par exemple, pour des personnages réels. En lisant Madame Bovary, Emma pourrait nous faire penser à notre cousine, par exemple, qui elle existe dans la vraie vie.
Résumons finalement le problème posé ici. La théorie cognitive nous explique qu'il n'est pas possible de ressentir une