I- La fondation du monde, la fondation de la pensée

Pourquoi la mythologie est-elle intéressante ? Parce qu’en Chine comme ailleurs, la pensée mythologique est une propédeutique à la pensée logique. Elle est une tentative de réponse aux mystères que représentent pour l’homme l’univers tel qu’il se donne à voir, mais aussi l’humanité, la vie, la mort. Mais elle n’est pas que cela : elle prend acte d’un ordre, ou d’un ordonnancement de l’univers qui n’est pas que chaos, mais aussi rythme et cycle: le mouvement des astres, les saisons, la naissance, la croissance et la mort des êtres vivants. Elle est un des fondements de nos civilisations : ne parle-t-on pas de mythes fondateurs ? « Le mythe est la transposition consciente, dans un monde socialisé, de tout ce qui constitue la vie personnelle, affective, sexuelle, sociale des humains. » Les mythes ont également une autre fonction : celle de fournir aux sociétés des outils de régulation de la vie sociale.

Toutes les civilisations possèdent des mythes qui fondent leur humanité. « La fonction des mythes cosmogoniques n’est pas d’expliquer scientifiquement le monde. Elle est de constater que le monde tel que les hommes le connaissent repose sur un ordre des choses ; c’est un constat que fait le mythe. » Et l’ordre des choses est que ce qui a été commencé continue.

Certains penseurs chinois, contemporains ou non, estiment que la Chine n’a pas de mythologie au sens propre, mais plutôt des légendes. Le mythe se situe dans un autre temps, un temps atemporel, impossible à situer dans l’histoire, tandis que la légende se situe dans un temps datable. La Chine n’aurait pas de dieux mais des héros civilisateurs. Voyons ce qu’il en est.

Vous avez dit « histoire »

Il faut bien se situer un peu dans les temps lointains et déjà, les difficultés commencent. Avec la dynastie Xia (2200 av. JC), on est à la charnière entre l’histoire mythologique et l’antiquité chinoise (voir l’ANNEXE 1 sur 4 pages : chronologie de la